Pourquoi les entreprises gagneraient à collaborer avec les artisans d’art

Auteur.rice :

Lisa Millet

Date de publication :

25/7/2025

Lisa Millet pour Histoires d'Artisans chez Pierre Salagnac

Dans un paysage économique globalement instable, les très petites entreprises, souvent discrètes, se révèlent être des partenaires stratégiques pour la résilience, l’agilité et l’innovation. Le rapport McKinsey de juillet 2025 en fournit les preuves chiffrées, loin d’être marginales, les TPE-PME, artisans d’art compris, sont au cœur d’une dynamique de compétitivité que les grandes entreprises auraient tout intérêt à renforcer.

Les petites structures, colonne vertébrale méconnue des grandes stratégies

99,9 % des entreprises françaises sont des TPE-PME. Elles emploient 55 % des salariés du secteur marchand et génèrent 44 % de la valeur ajoutée. Dans ce tissu, les entreprises artisanales d’art, souvent familiales, hautement spécialisées et tournées vers la qualité, jouent un rôle essentiel mais sous-exploité.

Le rapport de McKinsey est sans équivoque, les petites structures soutiennent directement la performance des grands groupes, que ce soit par l’innovation, l’adaptabilité, la conformité réglementaire ou la sécurisation des approvisionnements critiques. Dans certains secteurs comme le luxe, elles sont même les garantes de l’excellence française, représentant 92 % de la branche textile de luxe et 90 % de la maroquinerie de luxe.

Productivité, une force encore sous-exploitée

La France se distingue, ses TPE-PME font partie des plus productives au monde. Elles affichent 77 000 $ de valeur ajoutée par travailleur et par an, les plaçant au 1er rang des économies avancées étudiées par McKinsey. Pourtant, elles restent 35 % moins productives que les grandes entreprises françaises, un écart bien supérieur à celui du Royaume-Uni (16 %).

Cette différence ne reflète pas un manque de compétence, mais un défaut d’intégration dans les dynamiques d’écosystème. L’étude démontre que les gains de productivité des petites et grandes entreprises vont de pair, notamment dans les secteurs B2B, où l’écart tombe à 29 %. Les artisans d’art, avec leur capacité à innover sur mesure, sont typiquement positionnés dans ce type d’interaction, encore trop peu sollicitée.

Coopérer pour produire mieux, pas plus

La productivité, souligne le rapport, ne consiste pas à produire en masse, mais à produire mieux : avec efficience, frugalité et sens de la valeur ajoutée. À cet égard, les artisans d’art sont déjà en avance. Leur maîtrise des matériaux, leur souci du détail et leur ancrage territorial en font des acteurs-clés de la relocalisation et de la souveraineté industrielle, deux priorités identifiées par les auteurs du rapport.

Le cas des 4 500 PME de la défense, ou encore des petites structures impliquées dans la relocalisation de médicaments essentiels, montre que les savoir-faire spécialisés et les productions en petites séries sont devenus stratégiques. Le modèle de l’artisan d’art en est une parfaite illustration, en particulier face à l’essor de la personnalisation, des exigences RSE et de la traçabilité.

Cet article a été réalisé bénévolement pour valoriser l'artisanat d'art français.
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Ce que dit aussi l’étude “Les Éclaireurs”

Le rapport Les Éclaireurs, publié en novembre 2024 par le collectif du même nom, éclaire davantage cette place implicite des artisans d’art. On y lit que “l’innovation n’est plus un monopole industriel ou technologique, mais un processus distribué, enraciné dans les pratiques et les territoires” . Cette définition correspond point par point à la réalité des ateliers d’artisans d’art.

Plus loin, le rapport appelle à “mobiliser les compétences hybrides et singulières, capables de faire dialoguer tradition et rupture” : là encore, c’est une description quasi parfaite du rôle joué par les artisans d’art dans les dynamiques actuelles d’innovation. Sans être cités explicitement, ils incarnent les modèles recherchés, à la croisée de la matérialité, de l’intelligence du geste et de l’expérimentation locale.

Un appel à faire alliance

McKinsey appelle à bâtir des partenariats de compétitivité sur quatre piliers :

  • Formation conjointe des équipes,
  • Co-investissements et soutien au financement,
  • R&D partagée et accès technologique,
  • Intégration dans les chaînes de valeur et les marchés internationaux.

Ces axes correspondent point pour point à ce que l’artisanat d’art peut offrir, à condition d’être reconnu non comme un sous-traitant, mais comme un co-innovateur.

Une vision pour demain

Il est temps de dépasser la vision romantique et marginale de l’artisan pour l’inscrire dans les stratégies industrielles de demain. Car ce que confirment ces rapports, c’est qu’il existe, en France, une ressource économique dormante qui ne demande qu’à être activée : le talent de celles et ceux qui inventent, réparent, façonnent et transmettent. Non pas à la marge, mais au cœur d’une nouvelle alliance économique.

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