Craft Tech, manifeste d'une nouvelle économie

Auteur.rice :

Lisa Millet

Date de publication :

23/4/2025

Crédits Lisa Millet

À l’intersection de la main et de la machine, une nouvelle économie silencieuse prend forme. Elle innove, structure, connecte les savoir-faire d’exception aux outils numériques. Encore ignorée, cette réalité a désormais un nom : Craft Tech. Nommer, c’est faire exister. Voici un manifeste pour affirmer la légitimité d’un secteur à fort potentiel : celui des technologies conçues pour l’artisanat, terrain vierge d’innovation, d’impact et de rentabilité.

J’ai écrit ce manifeste pour nommer un espace encore invisible : celui des technologies pensées pour l’artisanat d’art. Je crois à son potentiel économique, culturel, humain. Si vous partagez cette vision, vous pouvez le signer et rejoindre le mouvement.

Nommer pour révéler un marché

L’innovation ne se limite pas aux laboratoires ou aux incubateurs. Elle existe aussi dans les gestes des artisans, dans leurs contraintes concrètes, dans leurs besoins mal adressés. Aujourd’hui, une majorité d’artisans d’art utilisent des outils numériques bricolés, mal adaptés ou conçus pour d’autres secteurs. Il n’existe presque aucun logiciel spécifiquement pensé pour leur gestion de production, leur relation client, leur planification, leur logistique ou leur documentation technique.

En donnant naissance au terme Craft Tech, on ne fait pas que nommer une tendance émergente : on révèle un marché latent, immense, peu exploré. Un marché composé d’artisans d’art indépendants, de petites entreprises, d’ateliers traditionnels en demande d’outillage digital. Ce sont des milliers de professionnels en France — et des millions dans le monde — qui attendent des solutions. Or, en économie comme en politique, ce qui n’a pas de nom n’a pas de budget, pas d’études, pas de stratégie. La Craft Tech vient combler ce vide en désignant un nouveau territoire d’opportunité.

Logo Craft Tech
Élever les savoir-faire, outiller la création, honorer la main : la Craft Tech, le numérique au service du geste.

Une économie à structurer, une filière à investir

Le rapport Les Éclaireurs le montre : l’artisanat d’art pèse bien plus lourd qu’on ne le pense. Derrière la modestie des chiffres d’affaires se cache un réseau dense, créatif, qualifié, mais économiquement sous-outillé. 93 % des structures sont des micro-entreprises, souvent isolées. Pourtant, 80 % produisent sur mesure, 87 % se revendiquent artisanales, et jusqu’à 15 % exportent.

Ce tissu est une mine d’or pour qui veut créer des services, des outils, des interfaces. Gestion de commandes personnalisées, plateformes de cotraitance, bases de données de matériaux, systèmes de devis automatisés, modules de réalité augmentée pour les clients : les pistes sont innombrables. Il manque aujourd’hui une approche entrepreneuriale de la Craft Tech, qui s’inspirerait des logiques de la FinTech ou de la LegalTech. Il ne s’agit pas de numériser les gestes, mais d’outiller l’écosystème.

Cet article a été réalisé bénévolement pour valoriser l'artisanat d'art français.
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De la tradition à l’innovation : un levier pour les startups

La Craft Tech ne vise pas seulement à moderniser les ateliers. Elle invite surtout d’autres profils — développeurs, designers, ingénieurs, entrepreneurs — à s’y intéresser. Ceux qui créent des outils, des plateformes, des APIs. Ceux qui ont l’habitude de travailler pour les PME ou les grands groupes. En Craft Tech, tout est à faire : peu de concurrence, peu de saturation, et un besoin immense.

Ce secteur offre aussi un double bénéfice rare : un ancrage dans la tradition, et un potentiel d’innovation élevé. C’est une opportunité unique de créer des outils à forte valeur ajoutée, avec un fort impact culturel, social, et une promesse économique claire. À condition de parler le bon langage, de s’immerger dans les pratiques, de comprendre les usages. La Craft Tech, ce n’est pas adapter des outils existants : c’est créer des solutions nouvelles, sur-mesure, agiles, sensibles au geste et à la matière.

Une nouvelle filière à défendre politiquement

Créer une startup dans la Craft Tech, ce n’est pas seulement répondre à un besoin de marché. C’est aussi ouvrir une brèche dans les politiques publiques. Car les métiers d’art n’ont toujours pas de code NAF propre, et donc pas d’identification claire. Sans identification claire, pas de datas. Sans datas, pas de stratégie. Sans stratégie, pas d’entrepreneurs.

En créant des entreprises dans ce secteur, en structurant une offre, en consolidant des usages, on permet à l’État de voir, de reconnaître cette filière comme porteuse d’économie et donc de l’accompagner, de la financer et de la soutenir.

La priorité : obtenir un code d’activité dédié aux artisans d’art. Cela permettrait aux entreprises qui veulent innover et attaquer ce marché de mieux pouvoir prospecter et donc que ce soit plus rentable. Ce geste symbolique permettrait également de débloquer des financements, de développer des incubateurs spécialisés, de lancer des appels à projets publics. Il créerait un terrain favorable aux investisseurs, aujourd’hui frileux face à un secteur mal balisé.

Nommer, c’est revendiquer. Revendiquer, c’est construire. La Craft Tech est une promesse. À nous d’en faire une économie.

Pour les entrepreneurs, un terrain d’impact

La Craft Tech peut devenir un territoire d’innovation à fort potentiel pour les chercheurs de sens. C’est un secteur où l’on peut créer des produits utiles, travailler au contact du vivant, valoriser des gestes rares, contribuer à la pérennisation des savoir-faire tout en générant de la valeur.

C’est aussi un terrain fertile pour développer des modèles alternatifs : open source, coopératifs, durables. Loin des logiques d’hypercroissance toxiques, la Craft Tech permet d’inventer une économie du lien, du local, de la précision. Un marché de niche ? Non, un marché d’avenir, encore inexploré.

Il ne s’agit pas seulement de défendre l’artisanat. Il s’agit de créer les conditions de son essor. Il s’agit de dire à celles et ceux qui conçoivent des outils : voici un marché vierge, actif, exigeant, porteur de sens et de richesse. La Craft Tech existe déjà, mais elle a besoin d’acteurs, d’architectes, d’investisseurs, de bâtisseurs.

Ils ont signé le manifeste :

  1. Pierre Armengaud
  2. Anthony Arnaud
  3. Marie-Laure Bach
  4. Adam Barahhou
  5. Nicolas Bard
  6. Annaëlle Beautes
  7. Emilie Bernheim
  8. Elisabeth Berthon
  9. Sarah Boncorps
  10. Marine Bourgault
  11. Mélanie Bourjot
  12. Aurore Bouter
  13. Maïlys Breton
  14. Sara Byström
  15. Aurelie Chadaine
  16. Sophie Chavigneau
  17. Laetitia Châtillon
  18. Alice Colas
  19. Cogitech
  20. Thierry Combe
  21. Emilie Coste
  22. Yoann Courant
  23. Nicolas David
  24. Carole Dimnet
  25. Caroline D’Herbomez
  26. Manon Fernandez
  27. Anne-Cécile Ferraris
  28. Rebecca Fezard
  29. Sylvain Fezzoli
  30. Maxine Fisch
  31. Vesna Garic
  32. Meggie Garcelon
  33. Alexis Grinbaum
  34. Bruno Hugounenq
  35. Ismail Hutet
  36. Luc Hédin
  37. Gwendoline Jacquemin
  38. Bertrand Lacourt
  39. Laure Lanier
  40. Amaury Laurenson
  41. Laurent Le Bail
  42. Bruno Le Deun
  43. Yannick Le Thery
  44. Mariane Léger
  45. Philippe Lehr
  46. Philippe Lenfant
  47. Karen Luong
  48. Simon Luquet
  49. Soumia Luquet
  50. Maïlys Marchal
  51. Mohamed O. Marmoussa
  52. Caroline Martin-Rilhac
  53. Gaston Michel
  54. Marika Michelon
  55. Lisa Millet
  56. Laura Navarro
  57. Julie Paris
  58. Marie-Hélène Pigis
  59. Thierry Perrou
  60. Didier Rols
  61. Maïlis Renouard
  62. Christophe Reversez
  63. Cendrine Robin
  64. Céline Roussillat
  65. Camille Routélous
  66. David Sasso
  67. Agnès Sevestre
  68. Maryon Simon
  69. Cédric Sourdouyre
  70. Stéphanie Vallé
  71. Mathilde Vidal
  72. Caroline Worner
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