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La Cavalière de Jeanne Friot et Robert Mercier : entre tradition et innovation

Lorsqu'on parle d'artisanat d'art, on imagine souvent des techniques anciennes, des savoir-faire ancestraux transmis de génération en génération. Cependant, La Cavalière de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 démontre que les artisans d’art ne se contentent pas de perpétuer des traditions ; ils innovent constamment pour répondre aux exigences modernes. Conçue par Jeanne Friot,  et réalisée par Robert Mercier, cette armure a été un défi qui reflète la combinaison d’ingénierie et de créativité nécessaire dans ce domaine.

 

Crédits : France 2

 

La Cavalière : un symbole de paix et de solidarité

L’armure de La Cavalière n’est pas seulement une pièce de haute couture ou un costume de spectacle ; c’est une œuvre d’art à part entière, qui incarne un message fort de paix et de solidarité, parfaitement aligné avec l’esprit des Jeux Olympiques. Comme le témoigne Robert Mercier, artisan spécialisé dans le travail du cuir, "ils voulaient vraiment créer un personnage qui amène la paix et la solidarité avec un contexte qui était assez énorme, celui des Jeux Olympiques... Pour moi c'était vraiment quelque chose de très important"​. Ce costume est le fruit d’une collaboration entre Jeanne Friot, créatrice de mode reconnue pour ses pièces avant-gardistes, et Robert Mercier, artisan du cuir reconnu pour ses collaborations avec des maisons de couture prestigieuses telles que Jean Paul Gaultier, Schiaparelli et Mugler. Ensemble, ils ont su créer une tenue qui fusionne esthétique et fonctionnalité, célébrant à la fois la tradition artisanale et l’innovation technique.

 

Crédits : Robert Mercier

 

Un défi technique et artistique

L’armure de la Cavalière n’est pas seulement un vêtement de spectacle ; elle est une prouesse technique. Elle est une parfaite illustration de la manière dont l’artisanat d’art repousse sans cesse les limites de la matière et de la technique. Comme le raconte Robert Mercier, "Tout a commencé par le capuchon, qui devait garder l'anonymat de la personne qui allait le porter, ensuite conserver une souplesse et en même temps ne pas se replier avec la vitesse du cheval mécanique."

Chaque détail a été pensé pour conjuguer esthétisme et fonctionnalité. L’armure devait être étanche, résistante aux mouvements physiques, tout en maintenant une allure féminine avec des formes distinctes. Ce défi a nécessité de nombreux ajustements techniques pour respecter les courbes naturelles du corps féminin — une demande spécifique de Daphné Bürki pour insister sur la féminité de la pièce, tout en garantissant la robustesse de l’ensemble. Cette insistance sur l’expression de la forme féminine dans un contexte souvent dominé par des représentations masculines souligne un choix audacieux qui confère à l'armure une identité unique. En ce sens, Robert Mercier a su allier son expertise du cuir, un matériau à la fois traditionnel et versatile, avec une approche quasi-ingénierique de la conception, rendant hommage à la tradition tout en s’inscrivant dans une démarche d’innovation. Le choix du cuir, traité et façonné pour ressembler à du métal chromé, montre comment les artisans d’art transforment des matériaux à travers des techniques contemporaines, créant des pièces qui sont à la fois classiques et modernes.

 

Crédits : Robert Mercier

 

Innovation et tradition : une fusion réussie

L’armure de La Cavalière est un exemple parfait de la manière dont l’artisanat d’art peut s’adapter aux exigences modernes tout en restant ancré dans des techniques traditionnelles. En utilisant des ceintures en cuir imbriquées pour créer une texture unique et robuste, Robert Mercier a démontré comment l'innovation peut revitaliser des savoir-faire anciens et les rendre pertinents pour un public contemporain. Cette approche est emblématique de la mission d’Histoires d’Artisans, qui vise à valoriser l’ingénierie des artisans d’art et à promouvoir l’innovation dans leurs pratiques.

 

Crédits : Robert Mercier

 

La visibilité des artisans d’art dans les événements internationaux

La reconnaissance de l'artisanat d'art lors d'événements de grande envergure, tels que les Jeux Olympiques, est essentielle pour la visibilité et la valorisation de ces métiers. En nommant Jeanne Friot et Robert Mercier lors de la cérémonie, Daphné Bürki a offert une rare visibilité à ces créateurs, souvent relégués dans l'ombre. Robert Mercier lui-même exprime l'importance de cette reconnaissance : "Je remercie aussi Daphné de m'avoir cité. Je pense que c'est vraiment important pour les artisans qu'on connaisse aussi leur nom"​. Cela souligne un problème persistant dans le secteur des métiers d'art : la reconnaissance institutionnelle insuffisante et la visibilité limitée, malgré leur contribution significative à l'économie et à la culture française.

 

Crédits : Robert Mercier

 

Un exemple de collaboration créative et technique

La création de l’armure de La Cavalière démontre également l’importance de la collaboration entre créateurs et artisans. Jeanne Friot et Robert Mercier ont travaillé ensemble pour relever les défis techniques tout en conservant une vision artistique cohérente. Cette synergie entre la conception et la fabrication est essentielle pour produire des œuvres d'art qui sont à la fois innovantes et fidèles à la tradition artisanale. En combinant leurs compétences et leur créativité, ils ont réussi à créer une pièce qui est plus qu’un simple costume : elle est un témoignage du pouvoir de l’artisanat d’art à transcender les limites de l’imagination et de la technique.

 

Crédits : Robert Mercier

 

L’armure de La Cavalière, avec son mélange de tradition et d'innovation, représente un exemple éloquent de la manière dont l’artisanat d’art peut être célébré et valorisé sur la scène internationale. Par leur capacité à innover tout en préservant un savoir-faire ancestral, ces métiers ont prouvé qu’il pouvait jouer un rôle central dans les événements internationaux et l’évolution de la culture contemporaine. 

 

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